Vichy antique. Quand le passé refait surface
Sous l’ancien garage Palace, à la croisée de l’avenue Victoria et de la rue Jean Jaurès, le passé antique de Vichy sort lentement de terre. Les romains, qui l’avaient baptisée Aquae calidae, « les eaux chaudes », notaient déjà la présence bénéfique de ses eaux thermales dont ils appréciaient les vertus.
Depuis le 5 décembre, neuf archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) s’activent. Pendant deux mois, sous l’égide de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC Auvergne), ils vont passer le sous-sol au peigne fin. « Ce chantier, qui s’étend sur 3 000 m², est l’occasion d’étudier l’organisation antique de la cité, ce qui n’a jamais été fait sur un aussi vaste terrain. Ici, on peut toucher du doigt la ville. Nous avons eu la chance de trouver plusieurs éléments de la vie citadine : des maisons, des voiries, des canalisations », explique Kristel Chuniaud, responsable du chantier. Chacun travaille, gratte la terre, mesure, dessine, et, sous nos yeux, étape après étape, affleurent les vestiges d’une époque révolue. Avec un peu d’imagination, on peut voir surgir cette ancienne villa romaine dont les fondations de pierre dessinaient les contours. Ici, une cheminée. Là, les restes d’un sol en terre cuite, peut-être celui d’une cuisine. Ici, une colonnade. Là, un portique, dont on peut encore apercevoir le sous-bassement. Les fondations sont massives : « elles s’enfoncent sur plus d’un mètre de profondeur. Il s’agit d’une maison urbaine typique de l’époque gallo-romaine, avec ses galeries à colonnades, ses portiques et ses péristyles ». Un masque en terre cuite a même été exhumé, qui atteste de la vocation d’habitation du bâtiment, les maisons romaines étant toujours richement décorées.
L’archéologue creuse la terre et le temps, reconstituant, couche après couche, l’histoire des lieux. Par petites touches, à petits pas, comme un enfant qui construirait un puzzle, il s’offre ici quelques pièces de choix pour compléter l’ouvrage !
Julie Delfour
C’est à Vichy, n°43, février-mars 2006
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