L’été 2004 a été l’occasion d’une expédition photographique en Val d’Aoste, au cœur du Parc National du Grand Paradis. Mon ami Maurice Chatelain m’y a fait découvrir sa région d’adoption et rencontrer des hommes et une culture rurale et pastorale encore bien vivante et présente partout ; dans les esprits comme dans la pierre.
L’histoire du Parc national du Grand Paradis est étroitement liée à la protection des bouquetins. En 1856, le roi Victor Emmanuel II déclare les montagnes « réserve royale de chasse », sauvant ainsi de l’extinction les derniers bouquetins. Un corps de gardes spécialisés est créé, et l’on ouvre des kilomètres de chemins muletiers qui constituent aujourd’hui l’ossature des sentiers de randonnée et font partie du patrimoine naturel italien. Le 3 décembre 1922, les 2 100 hectares de la réserve de chasse du roi deviennent officiellement le Parc national du Grand Paradis, premier parc national italien et sanctuaire pour les bouquetins.
Il n’est pas rare d’observer ici, tôt le matin ou le soir, un jeune chevreuil, un cerf, un lièvre, un renard solitaire ou une harde de sangliers. Durant la journée, les marmottes jouent près de leurs terriers, ou sont couchées au soleil, sur des pierres. Il y a aussi les aigles qui chassent les marmottes, les perdrix et les tétras-lyre, avec, parfois, la chance de surprendre le vol d’un gypaète, ou de marcher sur les traces d’un loup… A condition d’être discret, on peut surprendre des groupes de chamois ou de bouquetins, parfois aussi curieux du photographe que le photographe peut l’être d’eux !