En mai 2004, mes pas se sont réglés sur ceux de Daniel Madeleine, naturaliste spécialiste du loup, pour un périple d’une semaine dans les Abruzzes, en quête d’indices de présence de loups et d’ours. Avec une densité humaine deux fois supérieure à celle de la France, plusieurs centaines de loups (contre une trentaine en France) et quatorze millions de brebis (contre neuf millions en France), l’Italie réussit le pari de la cohabitation.
Le Parc national des Abruzzes, créé au début des années 1920, est aujourd’hui un sanctuaire pour les grands prédateurs, ours, loups et lynx. Les éleveurs bénéficient du label du Parc, d’aides et de rénovations de leurs structures. Les habitants sont satisfaits de profiter des retombées économiques.
Cette bienveillance peut en partie trouver son explication dans la symbolique du loup. Le mythe fondateur de la ville de Rome repose sur la louve protectrice qui veille sur les jumeaux Romulus et Remus. La légende du loup de Gubbio, très populaire en Italie, ne fait qu’accroître l’aspect positif du prédateur. On y découvre Saint-François d’Assise, patron des animaux, qui réprimande le loup pour avoir croqué une brebis. Il le punit et lui propose, pour se racheter, de venir labourer le champ du paysan…