Éléphant d’Afrique, ours polaire, gaur d’Inde, varan ou encore requin-baleine ont essuyé toutes les crises et les grandes extinctions depuis… 200 millions d’années. Tous ces animaux dépassent allègrement les mesures et cumulent les superlatifs. L’homme s’est dès lors autorisé à les croire invincibles. Et pourtant… Apparemment indestructibles, ces colosses n’en sont pas moins en danger. Et certains font même partie du triste cercle des espèces les plus menacées de notre planète.
Le lamantin d’Amérique du Nord
Les lamantins n’ont pas volé leur surnom de “vaches marines”. Ces herbivores pacifiques engloutissent en effet plus de 30 kg de plantes aquatiques par jour ! Ce régime peu énergétique les oblige à chercher les eaux chaudes, leur métabolisme ne pouvant fonctionner au-dessous de 18 °C. Ils migrent donc en période de froid, parcourant plus de 200 km vers des refuges où ils se rassemblent en nombre.
Fiche d’identité
- Classe : Mammifères
- Famille : Trichechidés
- Nom scientifique : Trichechus manatus
- Taille : 4,50 m de long
- Poids : jusqu’à 1,2 tonne
- Habitat : eaux chaudes peu profondes
- Alimentation : herbes et plantes marines
- Localisation : golfe du Mexique, Floride, Venezuela, Guyane, Antilles et Caraïbes
Peace and love !
Le lamantin n’a à redouter aucun prédateur naturel. Sa vie peut donc se résumer en trois mots : manger, dormir et se câliner ! Il consacre en moyenne huit heures par jour à s’alimenter et cinq à dormir, à la verticale ou blotti dans de douillets herbiers marins. Bien qu’assez solitaire, il a cependant besoin de contacts physiques avec ses congénères et se frotte contre eux pour renforcer les liens et… se faire plaisir !
Le chant des sirènes
Les sons jouent un rôle prépondérant dans la vie des lamantins qui ne possèdent qu’une vue limitée. Pour communiquer, ils émettent des gazouillis et des sifflements aigus. De petits cris répétés constituent également une sorte de lien sonore entre la mère et son petit. Selon la légende, ce sont ces mêmes cris, ressemblant à des lamentations, que les marins auraient pris pour le chant de sirènes !
L’homme, mon meilleur ennemi...
Les lamantins n’ont pas peur de l’homme et s’en approchent facilement, jouant même avec les plongeurs. Ce curieux engouement cause leur perte. Longtemps chassés pour leur graisse, ils sont aujourd’hui menacés par l’expansion humaine qui réduit leur habitat. Beaucoup sont percutés par des bateaux ou blessés par les hélices. D’autres meurent en ingérant des sacs plastiques ou des filets de pêche. Leur taux de reproduction très bas accentue encore leur déclin.
Les lamantins du Zooparc de Beauval
Venus des zoos de Nuremberg et d’Amsterdam, des lamantins ont intégré le Zooparc de Beauval (Loir-et-Cher) en 1997. « Le zoo de Nuremberg coordonne le programme de conservation européen (EEP). Ici, nous nous focalisons sur la reproduction de l’espèce en captivité et sur la pédagogie », explique Rodolphe Delord, le directeur général. Les animaux évoluent dans un grand bassin chauffé à 26 °C (où ont été prises les photos) et sont nourris avec 100 kg de salade et de légumes par jour. « Nous avons eu des jumeaux, il y a cinq ans, ce qui est rarissime en parc zoologique », souligne le directeur.
Amateurs de centrales atomiques
Un péril inattendu menace les lamantins des Caraïbes, lesquels ont déjà disparu de Martinique et de Guadeloupe. Les biologistes ont constaté qu’ils profitaient de la tiédeur des eaux de refroidissement déversées par les centrales et qu’ils renonçaient ainsi à leurs migrations saisonnières. Une dépendance lourde de conséquences, puisque les services américains de la faune ont dû intervenir et déplacer des lamantins après la fermeture d’une centrale...
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